J’apparais aujourd’hui…

   J’apparais aujourd’hui dans mon nez puis dans ma langue, souffle retardé, souffle clair. Ma vie propre et nette, astiquée au possible. Mes chiens habillés pour l’hiver. Quand je parle de mon corps, j’arrête de ressentir. Tout de suite l’ennui des murs, la nourriture séchée dans les bols. Mucus à peine perceptible, ma pensée descend derrière ma cuisse, longe mes tendons. Ce sont des ricochets, des gifles gentilles, une musique rassurante, aquatique. Il me semble que je suis encore fille, les yeux immenses et la main tendue vers le soleil.

Référence bibliographique

Anne-Marie Desmeules, « J’apparais aujourd’hui… », Nature morte au couteau, Le Quartanier, p. 19

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